Nouvelle policière de Mathilde, Alexane, Anaëlle et Dany.

On s’était dit rendez-vous dans dix ans


[ Mathilde L.R. , Alexane M. , Anaëlle, Dany ]

 

 Note de l'admin : Pour désactiver la musique, rendez-vous en bas de page. ( Je n'ai pas pu m'empêcher de choisir la musique du fight club pour cette nouvelle, puisqu'une réplique m'a provoqué ^^ )

 

 

Les portes grises s’ouvrent. Je sors de l’ascenseur, j’arpente le couloir pour enfin rentrer dans mon département. Là, je me dirige vers mon bureau, le premier en arrivant. Mon espace de travail, constitué d’un bureau en bois massif, d’un vieil ordinateur qui passe la majorité de son temps à bugger, d’un téléphone blanc, d’une plaque avec l’inscription « Inspecteur Samuel Peterson », et un tas de dossiers qu’on appelle affectueusement chez nous : « paperasse ». Je m’assois sur ma chaise, bancale, bien sûr, parce qu’une bonne journée ne s’arrête pas à 9h du matin, certains appellent ça la loi de Murphy. J’entends quelqu’un m’appeler. Je me retourne.

-Sam, enfin te voilà, tu ne veux pas dire à ton abruti de collègue de me relâcher, s’il te plait ?

C’est ma sœur Kate, menottée par Jérôme Le Page, un collègue en effet. Ma sœur : Caitlin Peterson dite Kate : brunette, taille normale, yeux marrons, cheveux mi-longs. Parents : Jennifer et Mickael Peterson, émigrés des Etats-Unis en 1956.

Kate et moi, avons eu une existence heureuse jusqu’au 12 janvier 1985, le jour où nos parents sont morts d’un accident de voiture, j’avais 21 ans. Kate, quant à elle, n’en avait que 19. La nouvelle de la mort de nos parents a été atroce, encore plus pour elle que pour moi je pense. Les parents m’ont toujours « chouchouté » je ne sais pour quelle raison et ma sœur, délaissée, a toujours essayé désespérément d’attirer leur attention. La distance entre les parents et elle ne faisait que nourrir l’admiration qu’elle leur  portait, surtout à papa. A leur mort, je me suis comporté en bon grand frère et lui ai offert de s’installer chez moi. On a habité ensemble pendant trois ans. Je me suis lancé dans une carrière de flic, et elle a opté pour le journalisme, comme notre père bien-entendu. Je dois l’avouer, elle a pris la bonne décision car à 24 ans, elle est déjà l’une des meilleures dans son domaine.

- Sam, Sam !!!! Nan, mais tu m’écoutes ? Ce bouffon (dit Kate en pointant Jérôme du doigt) veut me mettre en cellule !!!

- Qu’est-ce que t’as encore fait, je lui demande calmement, étant habitué à ce que Jérôme cherche des poux à ma sœur : ces deux-là se tournent autour depuis qu’ils se connaissent. Je les verrais bien ensemble : il est tout à fait le style de ma sœur, grand, brun aux yeux marrons, il a de la répartie et il est cultivé. Et, d’après ce que je vois, Jérôme n’est pas insensible aux charmes de ma frangine.

- On dirait que ta sœur s’est trouvé un autre sacerdoce : elle désire désormais arpenter les bois de Boulogne. Honnêtement, t’es sûre de ne pas faire une erreur en échangeant ton superbe bureau contre un ….. trottoir ? dit-il en emphatisant le dernier mot.

Je roule des yeux puis regarde ma sœur attendant une explication.

-Je fais un article sur les prostituées, et ce crétin m’a de suite embarquée quand il m’a reconnu y voyant une occasion de plus pour pratiquer son nouvel hobby : me pourrir l’existence. Me raconte-t-elle.

-  Sam ? me demande Kate me suppliant d’intervenir.

- Suisse : pays neutre. Je n’ai pas trouvé mieux comme réponse.

-  Il était de mon devoir de le faire. La prostitution n’est pas autorisée en France. Dit Jérôme, feignant un ton solennel.

Ok, il est vrai que je me délecte de les voir se lancer des piques, mais je dois y mettre un terme parce que certains ont du boulot.

- Jérôme, relâche-là, Kate, trouve-toi d’autres sujets pour tes articles. Allez, du vent !!!!

- Mon frère, ce héros. Oh et Jérôme, au plaisir de te revoir, ajoute Kate avec l’air très mature du « j’ai gagné ».

Un sourire se forme sur mes lèvres, je peux affirmer que ma sœur se retient d’entamer la danse de la joie.

C’est ce moment que mon téléphone choisit pour sonner. Je décroche.

- Allo ? Oui. Meurtre. Place Terre-au-duc. C’est noté, j’arrive tout de suite. Merci Yves, à bientôt.

- Un meurtre, ici à Quimper ?! Oh, s’il te plait, frangin, laisse-moi venir avec toi, s’il te plait. Après tout ce que j’ai fait pour toi, tu peux bien me rendre la pareille. Me dit-elle en portant une main à sa poitrine pour appuyer sa réplique.

Haussement de sourcils la défiant de me citer un service qu’elle m’aurait rendu dernièrement.

 - Ok, le « tout » était peut-être de trop j’te l’accorde, c’est mon petit côté marseillais, mais allez quoi !!! Tu peux bien faire ça pour ta petite sœur qui t’adore... Reprend ma sœur, me suppliant des yeux et ajoutant un sourire à la fin de la phrase. Comme si son charme marchait sur moi.

- T’es devenu flic dans la seconde, Kate ? Question rhétorique venant de Jérôme encore énervé de sa défaite survenue quelques minutes plus tôt.

- Où est encore passée Lise ? Panne d’oreiller ? C’est ma question, dirigée vers Jérôme.

Lise Cornec, coéquipière dont le bureau, en face du mien est manifestement vide.

- Elle a appelé ce matin, elle est malade, elle a pris un congé qui se termine…hum, à la fin de la semaine je crois.

Mmmh, pas de coéquipière, je pourrais prendre ma sœur, s’il me faut un témoin pour une perquisition ou quelque chose. En plus, elle dit toujours qu’elle a des super sources, ça pourrait me servir et puis, au pire, ça me fera de la compagnie.

- Ok, je t’emmène. Mais tu n’interviens à aucun moment dans l’enquête, aucun commentaire, aucune question et surtout TU NE PRENDS AUCUNE NOTE POUR TES ARTICLES. Je le dis d’un ton que j’espère sévère.

Ma sœur saute de joie. Et c’est reparti pour la danse de la joie. Je la prends par le bras, un geste de la main à mes collègues en passant et on est déjà parti. En sortant du bâtiment, j’aperçois le Mini-Cooper vert qui me sert de voiture de fonction. On y monte. Kate allume la radio. Should I stay or should I go, the Clash. Aussitôt, ma frangine se lance dans une interprétation de la chanson très…. douteuse en bougeant au rythme de la musique. Ça a, au moins, le mérite de m’avoir fait sourire. Kate s’arrête de chanter, c’est la chanson qui est terminée, maintenant une autre commence, je ne la connais pas. Du rap, je crois. En tout cas, Kate a l’air nettement moins emballée par celle-ci.

 

Ca y est, j’aperçois les voitures des collègues, on est arrivé. J’éteins le moteur. Place Terre-au-duc. Centre du Quimper médiéval. A l’époque, il y avait là un auditoire de justice, une prison, le four et le moulin banaux (les paysans payaient aux seigneurs une taxe pour les utiliser, comme quoi certaines choses ne changeront jamais). Aujourd’hui la place est « sans vie », c’est pourquoi le maire, soutenu par de nombreux habitants, souhaitant renforcer l’attractivité du lieu, a décidé qu’il serait peut-être intelligent d’encourager le commerce dans cette partie de la ville.

En face de la maison numéro 4, git un cadavre. Autour de lui, je peux distinguer des officiers en uniforme qui s’efforcent de maintenir les habitants à l’écart.

- Voilà qui va ravir le maire, un meurtre ici c’est un grand plus pour le tourisme de la ville !...

Ma frangine qui ne sort jamais sans son grand ami le sarcasme.

Je jette un coup d’œil dans les alentours et vois enfin Izzie. Izzie Krajeski, grande et blonde, elle est légiste depuis 7 ans, la meilleure que je connaisse. La seule que je connaisse. Je m’approche d’elle, suivi de près par Kate. De là, je peux voir le cadavre, un homme, la trentaine je dirais, brun, taille moyenne, les yeux marrons, un de ces gars « passe partout », qui ne se fait pas remarquer.

- Tu nous fais un topo ? demandé-je alors à Izzie.

- Homme de 32 ans, mort par strangulation. Il a cependant quelques écorchures au niveau des bras, on peut supposer qu’il s’est débattu. Vu son état, je dirais que le meurtrier doit avoir de la force mais aussi de la haine, il lui a littéralement broyé le cou. Autre chose, il semblerait que notre tueur ait écrit avec du sang (certainement celui de la victime mais Yoann nous le confirmera) « 14/07/99 » sur la nuque de notre victime. Heure présumée de la mort : hier soir, entre 23h et minuit.

Oui, prions pour que Yoann Le Clainche, notre dévoué spécialiste en analyse de prélèvements sanguins trouve quelque chose parce qu’on est mal partis, très mal partis.

- T’as trouvé quelque chose sur lui, un portefeuille ou quoi que ce soit ?

- On a trouvé ses papiers d’identité sur lui. Logan Le Perrec, 32 ans, expert-comptable, sans enfant, une compagne qui s’appelle Marie Le Ropert. Le gars est domicilié au 6 rue René Madec.

C’est un officier posté derrière moi qui parle. Je ne l’avais pas vu, il m’a presque fait peur.

- Continuez.

- Allison Durand a trouvé le cadavre ce matin à 6h45 en sortant de chez elle. Elle bosse à la médiathèque.

Il me montre la femme du doigt.

- Je l’ai interrogé mais rien, pas un début de piste, elle n’a rien vu,  rien entendu et ne connaissait pas la victime. Le criminel n’a laissé aucun indice évident. Les experts vous en diront plus.

- Des témoins ?

- Aucun. Votre meurtrier est un fantôme. Bon, je crois vous avoir tout dit, on doit y aller, mon équipe et moi-même avons été appelés pour un cambriolage. Je peux dire aux gars de décamper ?

Ok, une enquête facile à résoudre encore. C’est le boss qui va être content, déjà que par nature, il n’est pas franchement jovial, mais là, ça va sérieusement gueuler.

L’officier continue de me regarder fixement. Je fronce les sourcils, qu’est-ce qu’il me veut ? Je le remercie et lui dis qu’il peut disposer.

- Qu’est ce que t’en pense ?… C’est Kate, j’avais presque oublié qu’elle était là.

- Je n’en sais rien. Allez, viens, on va interroger les proches.

 

 

Ca fait déjà une demi-heure qu’on est, Kate et moi, dans un appart’ Rue René Madec, chez la compagne de Logan Le Perrec, Marie Le Ropert. Cette dernière nous a raconté que la victime avait perdu sa mère il y a un an, emportée par un cancer. Logan n’avait jamais connu son père et n’avait ni frère ni sœur.

- Avait-il beaucoup d’amis ?

Rien de telle qu’une petite question de routine pour débuter.

- Logan n’avait pas beaucoup d’amis, du moins pas à ma connaissance. Il est…

 Marie baisse la tête et se corrige.

- Etait.

Des larmes se mettent à couler sur les joues de la jeune blondinette. Celle-ci espère sans doute trouver un peu de force dans une grande inspiration.

- Il était peu bavard, vous savez, du style à parler de son boulot mais jamais d’autre chose. C’est pour ça qu’il avait du mal à se faire des amis, pourtant je crois que ça n’a pas toujours été le cas. Au lycée, c’était un garçon assez populaire.

Je hoche la tête pour lui montrer que je comprends.

- Il avait des ennemis ou des problèmes au travail ? demande ma petite sœur. Heureusement qu’on avait dit pas de question…

- Non, il aimait son travail énormément, il s’est mis à son compte il y a deux ans et a créé sa propre équipe. Il disait souvent qu’il s’était entouré des meilleurs, en tout cas, son cabinet tournait bien. Et j’ai eu l’occasion de rencontrer son équipe, des gens biens.

- Vous avez remarqué quelque chose d’anormal dans son comportement dernièrement ?

- Non, non, vraiment, je ne vois rien d’anormal à vous signaler.

- Merci mademoiselle, et encore une fois, soyez sûre que nous ferons tout notre possible pour arrêter celui qui a fait ça à votre compagnon.

Kate acquiesce, elle a cette expression sur le visage, celle qui dit « je suis vraiment désolée ». C’est plutôt rare que ma sœur montre ses sentiments, encore un problème dû au manque d’affection de mes parents envers elle.

Aussitôt sortis de la maison, nous sommes montés en voiture, direction : le cabinet d’expertise à Concarneau.

 

 

 Dans le véhicule, je jette un coup d’œil sur elle pour constater qu’elle est dans son petit monde, loin, très loin d’ici. En y réfléchissant, elle l’a été toute la journée, peut-être que tout cela l’affecte trop. Mon rôle de grand frère n’est-il pas de la protéger ? Elle est la seule famille qui me reste, tout ce que j’ai. Stop, Kate n’a plus 19 ans, et puis elle voulait venir. Je déteste ça, douter pour un rien, être si sentimental. Vivement que cette enquête se termine.

Enfin, je vois le cabinet. Il se trouve en face du port, la vue y est magnifique mais je ne peux pas m’attarder dessus, le boss veut des résultats et vite.

 

 En une heure, j’ai fini d’interroger tous ses collègues. A chaque fois la même chose : « un homme gentil comme tout, il faisait son boulot mieux que personne. Je ne lui connais pas d’ennemi mais il ne parlait pas beaucoup ». Kate et moi, sortons du cabinet  plus que désespérés. On n’avance à rien.

 

Pendant le retour, en voiture, cette fois, pas de chanson, pas d’interprétation douteuse, c’est le silence qui règne. Pas pour longtemps, Kate commence à parler.

- Qu’est-ce que tu en penses ? Me demande–t-elle.

- Je ne sais pas trop. Il n’a pas l’air d’avoir beaucoup d’ennemis, pourtant Izzie nous a dit que le meurtrier doit avoir énormément de haine à l’égard de Logan. Pas d’amis, pas beaucoup de famille… on n’a vraiment aucune piste, ça va barder au bureau.

- Mouais. Tu peux me déposer à l’appart’, j’ai rendez-vous avec une amie ce soir.

Il est déjà 18h.

- Ouais pas de problème.

Kate allume l’autoradio, mais cette fois, c’est de la musique calme : The scientist de Coldplay, ça fait toujours du bien en fin de journée. Quinze minutes après, nous sommes arrivés devant son appart’ à Douarnenez. Je dois dire que ma sœur a dégoté une occase en or quand elle a trouvé cet appart’. Il est vraiment bien, de l’intérieur comme de l’extérieur. Pas trop grand, pas trop petit, juste ce qu’il lui faut. Au début, je pensais que c’était une mauvaise idée de déménager, elle n’était pas bien avec moi ? Mais Kate m’a convaincu à coup de « j’ai besoin d’indépendance » et de « fais-moi confiance, à moi, ta sœur, la futée de la famille ». Et avec le recul, je dois avouer qu’elle a eu raison.

- Tu veux rentrer boire quelque chose ? me demande ma sœur

- Pas le temps, et mieux à faire : j’ai prévu de me faire enguirlander par mon boss alors…

- Je comprends, moi non plus, je ne manquerais ça pour rien au monde… bisous frérot, à demain.

Je souris et prévois de lui donner quelques conseils pour la soirée

-  Reste pas éveillée tard, verrouille la porte une fois rentrée et ça, jusqu’à ce que ta copine arrive. Oh et appelle-moi s’il ya un problème.

- Arrête de t’inquiéter, j’ai plus 15 ans, j’en ai 24 : j’ai mûri. Allez ciao.

Sur ce, elle referme la portière et je la vois déjà entrer dans son appart’.

Je redémarre le moteur. C’est parti, on est heureux de rentrer au commissariat, on reste dans la gaieté. Foutue journée, foutu cadavre, foutue enquête, foutu job.

 

           

-… je pensais que vous étiez plus doué que cela. On patauge, on rame, pire, on stagne !!!! Le proc’ vient de m’appeler et c’était loin d’être un appel de courtoisie !!!! Je veux des résultats, et je les veux de suite !!!! Et vous, Peterson, ce n’est pas comme ça que vous l’aurez, votre augmentation !!! Sortez, je ne veux plus vous voir avant demain.

Nous nous dirigeons vers la porte (nous : moi et toute l’équipe).

- Ça vous dit qu’on aille boire un verre au bar du coin ? Après l’engueulade du vieux, ça ne  nous fera pas de mal. C’est Johan Le Goff, un collègue qui parle. Le « vieux » c’est Richard Guéhennec, le commissaire, un sale type, ni femme, ni enfant, qui ne vit que pour nous pourrir la vie.

On a tous accepté les uns après les autres : Yoann, Izzie, Jérôme, et même Josh des archives. Josh, Josh, Josh, un gars bien, souriant, mignon tout plein comme le dit ma sœur, toujours là pour t’aider. Et drôle en plus.

- Hey, les gars, je ne savais pas que vous vous rejoigniez comme ça après la journée. Dit Izzie, visiblement vexée de n’avoir jamais été invitée auparavant.

- Bah tu sais, c’est la règle du Fight Club… répond Yoann.

- Quoi ? Est la seule réplique bourrée d’éloquence venue de notre chère Izzie.

- « Règle numéro un du Fight Club : il est interdit de parler du Fight Club ». Ajoute Jérôme.

Alala, les gars la font à chaque fois, cette blague, ils sont vraiment accros à ce film.

On se dirige tous vers l’ascenseur en direction du Bar Le Chapeau Rouge.

 

On est arrivé en cinq minutes. En rentrant, je fais un geste de la main à Benoit, le gérant qui n’a pas tardé avant de prendre nos commandes.

- Je vais prendre une bière, Ben.

Celui-ci prend note de ma commande.

- Moi aussi

-  Pareil

- Alors Sammy, parait que ta sœur t’as suivi toute la journée ? me demande Johan. T’as raison, c’est plus facile de faire parler les suspects avec une belle fille !

- T’es lourd Johann, réplique Jérôme.

- Oulala, monsieur n’aime pas qu’on parle de sa belle ? Allez, on sait tous que t’aimerais bien jouer au ping-pong avec ses amygdales… répond Johan.

Jérôme fusille du regard Johan, encore heureux que les yeux ne sont pas des AK-47

- Dis, Sam, elle te colle pour un article, Lois Lane?  me demande Yoann.

- Elle ne me colle pas, elle m’accompagne. Et non, elle ne le fait pas pour un article, d’ailleurs elle n’a même pas de calepin pour prendre de notes.

- Fais moi confiance, avec les femmes, ce n’est pas des notes, c’est plus un procédé mental, nous confie Johan.

- Comme si t’avais de l’expérience avec les femmes !!! répond Izzie.

Il s’ensuit des rires plus ou moins modérés. Ah, Ben arrive avec nos commandes puis, une fois celles-ci distribuées à qui de droit, il retourne à son bar. Depuis quelques minutes, personne n’a ouvert la bouche. Alors, comme d’habitude, je retombe dans mes pensées tout en jouant avec ma capsule de bière.

- Et ton enquête, elle avance, t’as un suspect ? Je relève la tête pour voir Josh qui attend une réponse. Le pauvre devait être gêné de ce blanc, et a décidé courageusement de me faire la conversation.

Ma réplique ne tarde pas, accompagnée d’un sourire sans conviction :

- Non, rien, le meurtrier est plus que doué, on n’a pas affaire à un amateur, aucun indice, aucune piste…

Josh hoche la tête et hausse une main sur mon épaule en signe d’encouragement. Puis, la loi du silence est de retour. Et hop, je regarde encore fixement la capsule de ma bière essayant de la faire disparaitre rien qu’avec les yeux. Encore une chose à rajouter sur ma longue liste d’échecs. Je regarde ma montre : 20h32. Il y a un truc de bien à la TV, ce soir ? Je sais plus, je crois qu’il ya un film. PS quelque chose, PS, PS... Ahaha, j’ai trouvé, c’est PS : I love you !!! Oula j’ai dû dire ça à voix haute parce que tout le monde me regarde. Je laisse glisser un rire nerveux puis annonce que c’est l’heure d’y aller.

- Bon, les gars, c’était vraiment sympa mais là, je dois y aller... buvez pas trop, le patron est en rogne, on n’a vraiment pas besoin d’une équipe qui a la gueule de bois, ciao les mecs…

- Et la fille.

Ça passera peut-être mieux avec un sourire, désolé. Sourire qu’elle me rend. Alors ça c’est bizarre, d’habitude j’ai au moins le droit à une remarque : c’est sûrement dû au taux d’alcool dans son sang.

- Bye

- Ciao


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